Idéologie Woke
| Idéologie Woke | |
|---|---|
| Type | Expression polémique |
| Auteur | Popularisée par des éditorialistes et responsables politiques français |
| Date | Années 2020 (France) |
| Contexte | Débats médiatiques et politiques sur l’université, la culture et les mouvements sociaux |
| Pays | France (importé des États-Unis) |
| Thème | Identité, société, progressisme, politique |
Expression polémique servant à désigner de manière péjorative un ensemble de revendications sociales et culturelles perçues comme excessives (antiracisme, féminisme, défense des minorités, écologie radicale).
Définition
Formule utilisée en France pour qualifier et critiquer des mouvements issus de la culture militante américaine dite woke (éveillée aux injustices sociales). Le terme « idéologie woke » est mobilisé comme un outil rhétorique pour amalgamer différentes luttes progressistes et les présenter comme une menace pour la société ou pour la liberté d’expression.[1]
« L’idéologie woke est en train de détruire nos valeurs et notre culture. » — Exemple de discours politique repris dans les médias français à partir de 2020.[2]
Contexte
Importé du vocabulaire militant afro-américain (stay woke = « rester éveillé face aux injustices »), le mot a été réinvesti en France dans un sens polémique à partir des années 2020. Il est employé pour critiquer la gauche radicale, l’université, les milieux associatifs ou culturels, et pour dénoncer ce qui est perçu comme une « américanisation » des débats français.
Objectifs implicites
- Délégitimer des revendications progressistes en les caricaturant.
- Associer des luttes sociales (antiracisme, féminisme, climat) à une idéologie supposée dogmatique.
- Créer un ennemi culturel commode pour fédérer un camp politique.
Exemples
- Emmanuel Macron (2021) met en garde contre « certains courants de l’université importés des États-Unis » accusés de « casser la République en deux ».
- Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, parle en 2021 d’un « danger du wokisme » pour l’école.
Analyses
Analyses académiques
- Éric Fassin souligne que le terme « idéologie woke » est une construction polémique sans contenu stable, servant avant tout d’épouvantail rhétorique.[3]
- Françoise Vergès rappelle que « woke » était à l’origine un appel à la vigilance face au racisme, avant d’être retourné en insulte dans l’espace public français.[4]
Réactions médiatiques et politiques
- Soutiens : une partie de la droite et de l’extrême droite utilise le terme pour dénoncer un « conformisme progressiste » qui menacerait la liberté d’expression.
- Critiques : de nombreux chercheurs et militants dénoncent une caricature destinée à discréditer les luttes sociales.
- Effet médiatique : banalisation du mot comme synonyme de « politiquement correct », « censure » ou « cancel culture ».
Analyse sociologique
- Le terme illustre le phénomène de « panique morale » : une inquiétude culturelle amplifiée pour justifier des positions politiques conservatrices.
- Il fonctionne comme un fourre-tout permettant d’attaquer aussi bien des cours universitaires, des films, que des actions militantes.
Variantes
- Wokisme
- Cancel culture
- Police de la pensée
Sources
- France Culture, 2021
- Le Monde, 2021
- Éric Fassin, Woke, un épouvantail politique, 2021
- Françoise Vergès, Un féminisme décolonial, La Fabrique, 2019
- Pierre-André Taguieff, L’idéologie woke, Éditions du Cerf, 2022 (analyse critique)